Biologger audio-accéléromètre-magnétomètre

Si le développement des traceurs GPS permet souvent d’obtenir des suivis de qualité sur le déplacements des animaux sauvages, il reste difficile d’étudier plus finement leurs comportement. En effet, l’observation sur le terrain est délicate : approcher les animaux peut être difficile, certains comportements ne se manifestent que la nuit ou sont de courte durée etc. Cela a conduit les écologues à chercher de nouveaux moyens d’observer à distance le comportement des individus. Des outils tels que les pièges photographiques, qui se déclenchent automatiquement au passage de l’animal, facilitent par exemple l’observation indirecte. Mais aucun outil n’a apporté autant de données nouvelles et inattendues sur le comportement animal que ceux regroupés sous le terme "biologging" - définissant la pratique de déployer des capteurs directement sur l’animal.

Naturellement, les écologues ont testé le déploiement de camera-vidéos, déployées sur les animaux à l’aide, par exemple, de colliers ou de harnais. Si ce matériel fourni des données rares et intéressantes, il est difficile d’obtenir de longs suivis car l’enregistrement vidéo impose une grande consommation d’énergie et des contraintes de stockage. De plus, l’analyse des vidéos est laborieuse, et souvent rendue complexe de par le positionnement mouvant de la caméra qui bouge avec l’animal.

Dans le cadre de TERRA FORMA, les équipes du LIRMM et du CEFE poursuivent le développement d’un capteur audio-accéléromètre-magnétomètre qu’ils avaient précédemment développé ensemble et testé hors du laboratoire. L’intérêt d’un tel capteur est pluriel :
(1) le son peut informer sur de nombreux comportements de l’animal (e.g. bruit de déplacement, interactions entre individus, alimentation…) et sur des sons de l’environnement auquel l’animal choisi de répondre ou non (e.g. sons de véhicule, voix humaines, vocalisations d’autres individus). L’analyse des données acoustiques est de plus bien plus aisée que celle des données vidéos ;
(2) l’accélérométrie fournie une information sur le niveau d’activité de l’animal, et peut éventuellement être utilisée pour caractériser de manière fine certains comportements de l’animal (e.g. alimentation, position couché/debout) ;
(3) la magnétométrie, i.e. la mesure de l’orientation de l’animal par rapport au champ magnétique terrestre, combinée à l’accélérométrie, permet de ‘reconstruire’ le trajet de l’animal entre les points GPS, permettant ainsi d’obtenir un suivi quasi-continu de la position de l’animal lors d’une étude.

Ce capteur, arrivé à un niveau de maturité élevé, a déjà été déployé sur de nombreuses espèces, des lions des savannes africaines au loup du Yellowstone en passant par les patous ou les sangliers en France.


©S. Gomez
©S. Chamaillé-Jammes
©D. Stahler


Références :
  • Miquel, J., Latorre, L., & Chamaillé-Jammes, S. (2023). Energy-efficient audio processing at the edge for biologging applications. Journal of Low Power Electronics and Applications, 13(2), 30.
  • Miquel, J., Latorre, L., & Chamaillé-Jammes, S. (2022). Addressing power issues in biologging : An audio/inertial recorder case study. Sensors, 22(21), 8196.

Mis à jour le 29 août 2025